Le Medef crée des chômeurs, l'UMP les élimine

Publié le par PS Plaine de France - canton de Luzarches

Le livre "transparent" du MEDEF
par Barbara Romagnan, secrétaire nationale du PS chargée de la rénovation
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Le MEDEF, par la voix de sa Présidente, nous indique « qu’il a besoin d’air » (Laurence Parisot, Besoin d’air, Paris, Seuil, 2007). Cette position est également reprise par le MEDEF Franche-Comté, qui dresse un « sombre constat » de la situation en France et dans la région (L’Est Républicain, 20 février 2007). L’organisation patronale nous signale, dans Besoin d’air, qu’il a changé et que son discours s’est modernisé. Mais la lecture de l’ouvrage de Madame Parisot est décevante à plusieurs titres.

Aucune idée nouvelle ou originale n’apparaît, les points aveugles sont immenses, la construction de compromis dynamiques n’est pas esquissée. L’ouvrage apparaît pour ce qu’il est : une construction idéologique chargée de préparer les esprits à une purge libérale.

Le credo est connu : la loi, les charges et les multiples règlements limitent le développement des entreprises, entravent l’innovation, bloquent le dialogue social. L’enfer, c’est bien connu, c’est les autres : l’Etat, les syndicats, les salariés. L’Etat est vécu comme omnipotent, les syndicats sont considérés trop souvent comme archaïques, les salariés démotivés par les 35 heures et la perte de la valeur travail. Aucune auto-critique dans le discours actuel qui pourrait donner un peu de crédit à la démonstration du MEDEF : la faiblesse des investissements productifs n’est pas évoquée, le déficit de recherche et d’innovation est renvoyé à la gestion des organismes publics, rien n’est dit non plus sur les responsabilités patronales dans le blocage de la négociation sur la reconnaissance de la pénibilité au travail.

La pression des actionnaires et des rendements financiers de court terme n’est pas mentionnée dans les difficultés rencontrées par les entreprises. Le texte n’évoque pas non plus le rôle des banques dans le financement de l’économie. La dénonciation des charges est obsessionnelle au moment même où la Cour des Comptes dénonce les milliards d’aides aux entreprises, distribués sans contrepartie, ainsi que le développement de la prime pour l’emploi qui se substitue aux augmentations salariales. On ne s’attendait pas non plus à ce que le patronat évoque la dégradation des conditions de travail, l’augmentation des maladies professionnelles ou de la précarité. Ne cherchez pas, vous ne trouverez rien de ce côté dans l’ouvrage de Laurence Parisot. Celui-ci illustre une nouvelle fois l’incapacité des élites dirigeantes à penser ensemble le social et l’économique. Il témoigne d’un patronat qui n’a rien appris ni rien oublié et qui semble incapable de fonder un nouveau compromis social après la période fordienne. Les exemples, par ailleurs intéressants, de réussite cités dans l’ouvrage, sont trop centrés sur la qualité du chef d’entreprise ou la force des réseaux de soutien locaux. L’entreprise se résume ainsi à ses dirigeants, on en oublierait presque qu’elle se construit aussi avec le savoir-faire et l’intelligence de ses salariés.

Le patronat rêve ainsi d’un monde idéalisé d’échanges où tout se négocie entre égaux sans conflit : temps de travail, salaires, progression professionnelle, licenciements. Or il est essentiel de rappeler ici que le contrat de travail fonde juridiquement la subordination du salarié et que la loi protège la partie contractuelle la plus faible. Nier cette évidence sociologique, c’est refuser de voir la réalité en face et construire un monde de chimères.

Disons le franchement, l’occasion était belle pour aborder là les problèmes cruciaux des entreprises : comment former les salariés ? Conquérir des marchés ? Partager les richesses ? Développer l’emploi ? Favoriser l’innovation ? Hélas, qu’est-ce qui différencie Laurence Parisot du vieux patronat conservateur à l’exception des présentations en power point sur grand écran ? Rien. La modernité de la communication met cruellement en lumière l’archaïsme de son discours.

Il faudra bien un jour aborder ces questions de fond. A défaut, les salariés risquent très vite d’avoir aussi besoin d’air et le fossé avec les entreprises risque de s’aggraver. Or que veut le MEDEF ? Des salariés soumis, des mercenaires, des contributeurs à la richesse collective connus et reconnus ? Pour réhabiliter le travail, il faut d’abord réhabiliter les travailleurs, leur identité professionnelle, leur savoir-faire et leur expérience. Il faut donc cesser d’analyser le travail sous le seul angle du coût et redécouvrir la valeur de ce travail dans un collectif stabilisé.

Nous le savons, de nombreux entrepreneurs sont prêts à aborder ces questions. Nul doute que nous en reparlerons prochainement.

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