Sarkozy prépare une alliance sur le fond UMP-FN-MNR

Publié le par PS Plaine de France - canton de Luzarches

Immigration: Royal dénonce l'amalgame «assez ignoble» de Sarkozy
En marge de sa visite samedi au Salon de l'agriculture, la candidate socialiste a critiqué la proposition de Nicolas Sarkozy de créer un «ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale».
Par Reuters
LIBERATION.FR : samedi 10 mars 2007
Ségolène Royal a dénoncé samedi dans la proposition de Nicolas Sarkozy de créer un «ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale» un amalgame assez ignoble. «Je trouve assez ignoble de faire cet amalgame entre l'identité française et les travailleurs immigrés, étrangers, qui viennent ici pour contribuer à la croissance économique», a déclaré la candidate socialiste à l'élection présidentielle en marge de sa visite au Salon de l'agriculture à Paris.

«Je pense que c'est une confusion malheureuse, a-t-elle ajouté. Jamais les travailleurs immigrés n'ont menacé l'identité française. Au contraire, les immigrés réguliers (...) viennent souvent faire du travail que les Français ne veulent pas faire.»

La proposition du candidat de l'UMP à l'Elysée de créer un «ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale», avancée jeudi soir sur le plateau France 2 lors de l'émission "A vous de juger", a provoqué un tollé quasi-général. A part le front national, la totalité des adversaires politiques de Nicolas Sarkozy, ainsi que les associations de défense des droits de l'homme, se sont accordées pour fustiger son projet.

Samedi, Dominique Voynet a elle aussi attaqué le ministre de l’Intérieur, jugeant que ce dernier «chasse sur les terres de l'extrême droite» avec sa proposition de créer un «ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale». «Sa proposition est exécrable», a déclaré la candidate des Verts sur TF1.  Et de rappeler que son parti proposait, pour sa part, «quelque chose de radicalement différent, sortir, bien sûr, l'immigration de l'orbite du ministère de l'Intérieur pour faire un ministère de la coopération internationale et des migrations».


À Caen, une justification laborieuse
Le candidat UMP a tenté de désamorcer les «mauvaises polémiques».
Par Antoine GUIRAL - Libération - samedi 10 mars 2007
Caen, Courseulles-sur-Mer envoyé spécial
Soleil rasant d'hiver sur fond de plage du débarquement de juin 1944 et de gigantesque croix de Lorraine. Nicolas Sarkozy se recueille. La controverse sur son ministère de l'Immigration et de l'Identité française ? Il s'en moque : «Il y a de mauvaises polémiques», dit-il. Mais quand il se justifie, c'est laborieux : «L'identité, ce n'est quand même pas un gros mot. La France est un pays ouvert, mais ceux que nous accueillons doivent prendre en compte nos valeurs.» Selon lui, «on ne peut pas parler d'intégration sans dire ce que nous sommes, ce que c'est la France». S'il finit par convenir que la notion d'identité est mouvante, qu'elle se nourrit de l'apport des autres, il estime, comme presque tous les candidats, que des valeurs ne sont «pas négociables» : «La laïcité, l'égalité homme-femme, la République et la démocratie.» Mais, à l'entendre, c'est «parce que nous n'avons pas dit ce que nous sommes» que l'extrême droite a pu prospérer.
En meeting vendredi soir à Caen (Calvados), face à 9 000 personnes, il en a même profité pour tacler sa concurrente socialiste : «L'identité française est au coeur de la campagne, qui n'est pas une campagne pour gérer une région, aussi belle soit-elle.» Il a aussi cherché à couper court aux critiques des défenseurs des droits de l'homme : «La France, ce n'est pas une race, pas une ethnie. La France, c'est tous les hommes qui l'aiment, qui sont prêts à défendre ses idées, ses valeurs.» S'il prend soin de rajouter dans son discours quelques incises sur les apports de l'immigration à l'identité nationale, il fait surtout un tabac en lançant : «Etre Français, c'est parler et écrire le français. [...] Celui qui ne fait aucun effort pour s'intégrer, celui-là ne doit pas s'attendre à se voir reconnaître les mêmes droits qu'un Français.» Ou encore : «Ceux qui méprisent la France, ceux qui la haïssent ne sont pas obligés de rester.» Une déclinaison du bon vieux slogan emprunté à l'extrême droite : «La France tu l'aimes ou tu la quittes !»

L'identité nationale, passerelle entre droite et extrême droite
Jean-Marie Le Pen ravi du ralliement de Sarkozy à ses idées.
Bruno Mégret en a rêvé, Nicolas Sarkozy le promet. Bien sûr, Jean-Marie Le Pen n'a pas manqué de se réjouir vendredi de la proposition du candidat UMP de créer un «ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale». Le vieux leader d'extrême droite a moqué «une petite opération de racolage sur les terres du FN», mais il a pris soin d'approuver la suggestion de Sarkozy. Placer la défense et la perpétuation de «l'identité nationale» sous la férule des pouvoirs publics à travers la création d'une structure ministérielle est une revendication de longue date du parti d'extrême droite. Au-delà de sa volonté de restreindre le regroupement familial ou d'accélérer les expulsions, exprimée aussi jeudi soir sur France 2, la trouvaille sémantique de Sarkozy illustre un vrai virage politique.
Comblé. Refuser d' «associer immigration et identité nationale», comme l'a fait, notamment, vendredi, François Bayrou, c'est nier que «l'immigration puisse porter atteinte à l'identité nationale» alors «qu'il s'agit d'une terrible réalité», a ainsi asséné Le Pen comme pour traduire les propos du ministre-candidat. Pourtant, plus encore que le président du FN, c'est le chef de file du Mouvement national républicain (MNR), Bruno Mégret, que Sarkozy comble, au moins sur le plan lexical. C'est en effet l'ex- «félon», revenu dans le giron lepéniste à l'occasion de cette campagne présidentielle, qui avait attisé la prééminence de la revendication identitaire au sein du FN. Lorsqu'il rallia le parti de Le Pen au milieu des années 80, Mégret, lui-même ancien membre du comité central du RPR, y importa des thèses radicales faisant de la sauvegarde de «l'identité nationale» la clef de voûte du programme frontiste.
Depuis lors, la mise en exergue de ce thème demeure, au fil de la concurrence électorale, un carrefour où se rencontrent droite traditionnelle et extrême droite. Dans les années 80, le Club de l'horloge, où Bruno Mégret avait puisé son inspiration avec ses amis Yvan Blot (ex-RPR) et Jean-Yves Le Gallou (ancien du Parti républicain, PR), servit de passerelle entre ces deux mondes. A coup de livres et de colloques défendant le droit du sang ou inventant la «préférence nationale», le Club de l'horloge fit mijoter un cocktail idéologique explosif visant à remuscler le logiciel intellectuel de la droite. Tandis que certains «horlogers» demeuraient cadres du RPR ou du PR, le trio Blot-Le Gallou-Mégret finit donc par investir le FN pour y créer, notamment, une revue théorique baptisée... Identité. 
Au tournant des années 90, sous le coup de l'ascension électorale du FN, la droite RPR-UDF durcit le ton sur l'immigration pour récupérer l'électorat qui la quitte pour Le Pen. C'est le temps du «bruit et [de] l'odeur» des immigrés moqués par Jacques Chirac à la fin d'un banquet, à Orléans, ou encore de Valéry Giscard d'Estaing qualifiant l'immigration d'« invasion» dans le Figaro Magazine en 1991.
Rupture. Après 1993, les leaders de la droite rompent avec ces dangereux cousinages, seuls des barons locaux (Millon, Soisson, Baur, Blanc) se vautrent dans les délices de la compromission avec le FN à l'occasion des régionales de 1998.
A coups de provocations verbales ( «Kärcher», «racaille», etc.) et d'une succession de lois répressives sur l'immigration, Sarkozy fut souvent accusé par ses adversaires depuis 2002 de se «lepéniser». L'intéressé s'en est toujours farouchement défendu, exhibant la suppression de la double peine, la «discrimination positive» ou la création du Conseil français du culte musulman en gages de bonne foi. Cette fois, en promettant la création d'un ministère de «l'Immigration et de l'Identité nationale», Sarkozy franchit une étape périlleuse.

Sarkozy chasse sur le territoire du FN
En proposant un «ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale», il choque ses adversaires et les associations.

Un tollé. Et un seul soutien. Celui de Jean-Marie Le Pen. Vendredi, la proposition de Nicolas Sarkozy, la veille au soir sur France 2, de créer, s'il était élu président, un «ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale» et de faire voter, dès juillet, une nouvelle loi sur l'immigration destinée à «encadrer le regroupement familial», a suscité une vague de protestations. De ses adversaires évidemment. Mais aussi de l'ensemble des associations de défense des droits de l'homme.
Nicolas Sarkozy propose trois conditions pour qu'un étranger puisse faire venir sa famille en France : la loger «pour qu'il n'y ait plus de squats», avoir des revenus pour la faire vivre et qu'elle ait appris «des rudiments de français avant de venir en France». Ce durcissement du candidat de l'UMP, désormais sous la pression d'un François Bayrou de plus en plus haut dans les sondages, n'a été salué que par Jean-Marie Le Pen : refuser d' «associer immigration et identité nationale», c'est nier que l' «immigration puisse porter atteinte à l'identité nationale alors qu'il s'agit d'une terrible réalité», a déclaré le leader d'extrême droite.
«Frontière». François Bayrou a été un des premiers à réagir vendredi. «En enfermant dans la même phrase immigration et identité nationale», le ministre-candidat a franchi une «frontière», a-t-il estimé dans la matinée. Avant de souligner le soir, lors d'un meeting à Perpignan, que l' «identité nationale, elle a un nom et c'est la République. Dans une campagne électorale, il arrive qu'on ait des déclarations risquées, mais il y a une chose qu'il ne faut pas faire, c'est que ces déclarations remettent en cause les principes républicains les plus élémentaires». 
«Les mots ont un sens», a affirmé pour sa part François Hollande. «Je crains vraiment que, dans cette campagne, Nicolas Sarkozy soit dans un flirt poussé avec les thèses du Front national», a ajouté le numéro 1 socialiste. En proposant de créer ce ministère, Nicolas Sarkozy «s'arc-boute dangereusement sur des questions identitaires», a ajouté Faouzi Lamdaoui, secrétaire national adjoint à l'Egalité du PS. «Accoler immigration et identité nationale renvoie aux épisodes les plus sombres de notre histoire, a affirmé pour sa part Marie-George Buffet. Réveiller ainsi l'époque de Vichy pour mieux donner des gages aux thèses xénophobes et racistes du FN est indigne d'un candidat républicain [...]. Décidément, Nicolas Sarkozy est un homme politique dangereux.» 
Les condamnations ont été tout aussi fortes chez les associations qui luttent quotidiennement aux côtés des étrangers. SOS Racisme, France terre d'asile, la Ligue des droits de l'homme (LDH), le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrap) et le Réseau éducation sans frontières (RESF) ont désavoué les déclarations du ministre. Ils y voient un risque pour la cohésion nationale. «L'association entre immigration et identité nationale suggère, comme le martèle Le Pen depuis quinze ans, que les immigrés menacent l'identité nationale», relève Jean-Paul Dubois, président de la LDH. Pour le Mrap, «Sarkozy fait ainsi un choix de société, celui du rejet de l'autre, dans une logique de division incendiaire». 
«Opportun». Etonnamment, dans son propre camp, peu de voix se sont levées pour soutenir Sarkozy. Ses porte-parole sont vaillamment montés au créneau. En deux temps, vu l'ampleur de la polémique. Le matin, Rachida Dati a estimé qu'il n'y avait «rien de choquant» dans la proposition du candidat UMP de créer un tel ministère. Selon elle, «la France souffre depuis plus de vingt ans d'échec de la politique d'intégration». «On a de plus en plus de mal à intégrer des gens qui sont Français, qui sont nés en France, par rapport à une première génération qui a eu moins de difficultés, donc [il faut] que l'immigration et l'identité nationale aillent ensemble», a-t-elle fait valoir. «Ce n'est pas parce que Bayrou est à l'affût de tout et que Hollande est aux abois qu'il faut qu'ils racontent n'importe quoi», a lancé Xavier Bertrand, l'autre porte-parole de Sarkozy. Hier soir, dans un communiqué, les deux porte-parole ont réaffirmé qu' «établir un lien entre l'immigration et l'identité nationale est tout aussi nécessaire qu'opportun». «Affirmer que la France ne doit accueillir que les migrants qui parlent et écrivent le français, aiment la France, respectent ses valeurs, est aussi fondamental que de reconnaître que l'identité française s'enrichit avec l'arrivée de nouveaux migrants», ont-ils expliqué.
Rhétorique. Reste que cette nouvelle proposition de Sarkozy s'inscrit dans un durcissement continu des conditions d'entrée et de séjour des étrangers en France. Avec à la clé une inflation législative qui avait fini par poser question. En 2003, Sarkozy avait fait voter une loi sur l'immigration, puis une seconde en juillet 2006, qui compliquait déjà le regroupement familial en fixant des conditions (surface d'habitation, ressources) plus exigeantes.
Avec sa déclaration de jeudi, il franchit d'ailleurs un nouveau palier, alors que tous les décrets d'application de son dernier texte ne sont même pas encore parus. Pour Patrick Weil, spécialiste des questions d'immigration, «le regroupement familial a déjà été restreint dans les deux premières lois [...]. Aller au-delà des restrictions apportées, c'est risquer de mettre en cause le droit à la vie familiale normale qui est un droit fondamental». Celui énoncé par l'article 8 de la Convention européenne des droits de l'homme sur le droit de vivre en famille.

Publié dans Carton rouge

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A
J'ai ouvert un blog politique sur http://desirsdavenir86000.over-blog.net/ alors venez le voir et dite ce que vous en penser dans les commentaires pour que je l'ameliore, merci d'avance!!!!
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